D’aussi loin qu’il se souvienne, Félix a la fibre entrepreneuriale et il cultive tout un éventail de projets qu’il désire ardemment réaliser.

À l’université, il sonde l’univers des start-ups et travaille pour Tero — une compagnie qui fabrique et vend de petits électroménagers de comptoir qui créent du fertilisant à partir de déchets de table. L’écosystème entrepreneurial universitaire se révèle à lui et tout ce qui y est rattaché : ressources humaines, conseillers, possibilités de bourses… etc. C’est à ce moment qu’il prend conscience qu’il peut devenir entrepreneur, qu’il n’est plus seul, que toutes les ressources à sa disposition peuvent le soutenir, lui permettre de s’élever.

Félix et Jonathan se rencontrent lors de leur deuxième année au baccalauréat en génie mécanique. Pendant la semaine de lecture, Félix sollicite l’aide de son camarade de classe pour un cours qu’il peine à comprendre. Jonathan accepte sans hésitation et convie le principal intéressé chez lui. Après une journée de dur labeur, les deux jeunes hommes discutent sérieusement d’un projet innovant de conception et de fabrication de skis durables. Jonathan connaît les angles morts du marché du ski et les identifie avec précision, car il travaille au magasin Ski Michel depuis près de 10 ans.

Quand je suis parti de chez Jo, j’étais bien crinqué et j’ai fait l’ébauche d’un plan d’affaires.

Des compétences complémentaires

Jonathan possède le réseau de contacts, la connaissance du marché et du design de skis, alors que Félix est familier avec le démarrage d’entreprise, la gestion, les finances, le marketing et la création de sites web.

Mais il manque une expertise aux acteurs de cette entreprise en devenir… Félix est confiant : Étienne est l’homme de la situation ! Un expert en prototypage et en développement de produits. Il a déjà fait part à Félix de son intention de collaborer avec lui au démarrage d’une entreprise. L’équipe Ferreol voit le jour !

Quels sont ces « angles morts » au sein du marché du ski ? Les gens veulent un produit local, durable et mieux adapté aux conditions hivernales capricieuses du Québec. Jonathan sait intuitivement à quoi ressemble ce ski unique.

Ce qui manquait c’était des skis plus polyvalents, plus joueurs, plus agiles pour les conditions d’ici. C’était un besoin dans le marché et les gens le demandaient sur le plancher. Ce type de ski idéal n’existait pas.

L’équipe se lance dans une validation de marché et après quelques essais, un premier modèle est créé — le Pionnier 104 — un ski unisexe écoresponsable offert dans une seule grandeur. Trente paires sont confectionnées dans une usine de production de skis à Rimouski qui a des standards de qualité très élevés.
À l’automne 2019, ils reçoivent les 30 paires de skis qui se vendent en un mois seulement. Cet état de fait réjouit et rassure les associés et les motive à poursuivre leur aventure entrepreneuriale.

C’était quand même un gros move, parce qu’on était aux études et il fallait investir plusieurs milliers de dollars pour notre première production.

Les rétroactions des clients sont excellentes et Ferreol envisage la production de 150 paires pour l’année suivante (2020). En fait, les décisions sont prises un an avant la mise en marché. Pendant la saison hivernale, Jonathan conçoit le design des autres grandeurs du Pionnier 104. Coup de théâtre ! L’adversité frappe leur jeune entreprise de plein fouet. En mars 2020, le Québec — aux prises avec la pandémie due au virus de la COVID-19 — est plongé dans l’incertitude. Plusieurs travailleurs perdent leur emploi, l’usine de production ferme temporairement, toute l’économie est bouleversée.

Les trois acteurs de Ferreol font face à une prise de décision complexe dans les circonstances.

Trois options s’offrent à eux : fermer l’entreprise, jouer le tout pour le tout et produire les 150 paires de skis comme envisagé initialement ou opter pour un entredeux et diminuer la production à 100 paires de skis. La troisième option est sélectionnée.

En septembre 2020, ils accusent réception des 100 paires. Fort heureusement, l’entièreté se vend en deux mois. Ferreol a un bon fond de roulement. Les consommateurs sont au rendez-vous et il y a une forte demande pour leur produit. En novembre, n’ayant plus de paires de skis, ils réussissent à faire la production en mode rapide d’une soixantaine de Pionnier 104 qu’ils reçoivent en février 2021. La marchandise écoresponsable
s’écoule avant la fin de l’hiver.

Ainsi, la pandémie a eu des impacts positifs et négatifs sur l’entreprise en démarrage. La demande pour plusieurs équipements de sport est très forte. « Il y a eu un engouement pour le plein air et le fait de
découvrir le Québec en hiver. » Toutefois, cette situation épineuse entraîne aussi son lot d’inconvénients. « Tout le côté gestion est plus compliqué. Tout a été brisé à plusieurs niveaux : la chaîne d’approvisionnement, la
production, les matières premières. Les délais sont plus longs, les coûts sont plus élevés. »

Félix, Jonathan et Étienne persistent et signent… Ferreol a un brillant avenir !

Si l’équipe Ferreol croît et atteint ses objectifs, c’est en partie grâce au soutien moral de sa garde rapprochée et au soutien financier de ses différents partenaires qui lui permettent d’aller de l’avant.

Des amoureuses compréhensives, des parents encourageants, des conseillers compétents et engagés dont Manon et Simon qui œuvrent pour Entrepreneuriat ULaval. Sans oublier le mentor d’affaires Michel Simard qui est propriétaire du magasin Ski Michel, Martin, Yannick, Samy, Jean-Yves et Marc de Desjardins Côte-de Beaupré/Desjardins, l’équipe du CQRDA, Luc du PARI-CNRC, Emmanuel, Joseph, Luc et Audrey de l’équipe de développement économique régional de Rio Tinto ainsi que la collaboration de l’Université Laval et de l’Université de Sherbrooke. 

Enfin, un merci spécial à Christiane Néron pour sa grande générosité, en temps et en occasions d’affaires.

Malgré des remises en question et le scepticisme de certains au tout début, plusieurs ont cru en leur projet dès les balbutiements. La preuve en est que les trois dirigeants de cette « business de passion » raflent tous les honneurs ces dernières années. À l’affût des prix, des subventions et des bourses entrepreneuriales octroyées, ils postulent sur plusieurs concours.

Ferreol est l’heureux boursier du concours EGGENIUS de l’Université Laval, du grand prix national provincial entrepreneuriat lors du gala Forces AVENIR, d’une bourse d’honneur du MEI, gagnant de la 23e édition du défi OSEentreprendre (dans toutes les catégories : locale, régionale et provinciale), gagnant innovation technologique Loto Québec, le Coup de coeur étudiant création d’entreprise, gagnant d’une bourse Fonds C Desjardins offerte par la Caisse Populaire Côte-de-Beaupré… pour ne nommer que ceux-ci.

Un passage remarqué à l’émission Dans l’oeil du dragon au printemps 2021 leur permet d’obtenir du mentorat de l’entrepreneur Nicolas Duvernois.

Cette triade d’entrepreneurs passionnés poursuit sa quête de collaborer à un monde plus vert.

Tout le volet recherche s’intensifie et occupe une place prépondérante. Des projets d’envergure se profilent avec des multinationales connues.

Leurs principaux objectifs sont de devenir une référence en matière de skis durables et d’entrepreneuriat responsable ; de diffuser leur philosophie entrepreneuriale qui s’inscrit dans les trois piliers du développement
durable (impact social, environnemental et économique) ; de redonner au suivant en menant des conférences et peut-être un jour en octroyant des bourses Ferreol pour encourager les jeunes entrepreneurs à démarrer leur entreprise.

Les trois protagonistes prônent des valeurs écoresponsables et, conséquemment, s’associent avec des boutiques spécialisées qui ont des valeurs et une vision similaires aux leurs. À l’image de la longévité des skis FERREOL, les entrepreneurs aspirent à bâtir des relations d’affaires durables et ils choisissent méticuleusement chacun des endroits où sont vendus leurs skis. Le fait d’utiliser des matériaux locaux est coûteux, mais cela a une plus grande portée sur le plan socioéconomique, notamment en créant
des emplois. La recherche d’un maximum de profits n’est pas l’objectif de cette entreprise et c’est là que réside toute sa vertu !

Ce qu’on veut, c’est influencer le plus de gens possible sur les plans environnemental et social; qu’ils adoptent la même philosophie que nous et qu’ils soient sensibilisés à l’entrepreneuriat
responsable et au développement durable. Plus les gens adhèrent à cette approche, plus on est sur la bonne voie !