Marc est habité par plusieurs réflexions quant à la façon d’exercer la médecine. Les enjeux auxquels il fait face dans le système public l’incitent à penser la pratique autrement. Il observe notamment qu’en raison de la surcharge de travail, peu de temps est accordé à la prévention. 

On manque de temps. Donc, on est tellement occupés à opérer nos cancers qu’on ne prend plus le temps de les prévenir.

Ainsi, l’idée de démarrer une clinique privée commence à faire son chemin dans son esprit. « J’en discutais avec plusieurs collègues. Il n’y avait pas de clinique privée à Québec à l’époque. » 

En 2005, l’arrêt Chaoulli adopté par la Cour Suprême fournit la clé des possibles en ce qui a trait à la pratique de la médecine privée au Québec. À Montréal, des médecins que Marc connaît ouvrent l’une des premières cliniques privées : M-D Plus. Marc s’inspire de ce projet et aspire à en démarrer une à Québec. Il s’attelle à la tâche et ébauche un plan d’affaires. 

Marc veut trouver des solutions et transcender les aberrations propres à la pratique. Il articule donc un modèle d’affaires qui se veut avantageux, bien qu’en raison du facteur temps il puisse voir moins de patients. 

On voit moins de patients, mais on les voit mieux! 

« Mon idée initiale était d’offrir rapidement des soins de santé. Un délai de 24 à 48 heures pour consulter un médecin de famille et être disponible au moins 30 minutes pour le patient. »

Et puis vient le moment où Marc, aidé de ses secrétaires, rappelle les 400 clients qui voulaient devenir membres. Il offre trois forfaits différents à sa clientèle. En l’espace d’à peine quelques semaines, la clinique compte 300 membres et ce sont les gens qui appellent pour devenir membres. 

Ça a permis de rapporter de l’argent qu’on a pu réinvestir pour aller chercher des ressources, des infirmières, de nouveaux locaux.

Il démarre une deuxième succursale à Cap-Rouge dans un bâtiment neuf. Le propriétaire de l’immeuble, monsieur Gagné, n’a aucun doute quant à la réussite de son projet et l’accueille à bras ouverts. Marc investit un quart de million $ et, coup de chance, trouve deux médecins qui viennent lui prêter main-forte, en plus d’infirmières chevronnées. 

« Je pouvais me concentrer sur la clientèle de Lac-Beauport, alors que les deux médecins étaient à Cap-Rouge. » 

Investissement

Les premières succursales à voir le jour sont à Québec, Cap-Rouge, Lévis, Sainte-Marie-de-Beauce et dans le secteur de Sillery. 

J’ai dû fermer les portes d’une clinique, car il était difficile de recruter des médecins. On a été un peu early adopter!

Une rencontre déterminante 

En 2015, Marc fait la rencontre d’Alexandre Lemieux, un homme d’affaires qui, tout comme lui, fait partie du groupe international EO (Entrepreneurs’ Organization). 

Rapidement, Marc et Alexandre se découvrent des atomes crochus, en plus de partager plusieurs valeurs communes et d’être complémentaires sur le plan professionnel. 

On a connecté sur deux choses: le respect de nos connaissances et de nos expériences ainsi que la complémentarité. 

Alexandre travaille pour Logisbourg, une compagnie familiale dans le secteur de l’immobilier. Bien qu’il n’y ait pas de médecin dans l’organisation, les dirigeants achètent le Centre médical Berger vers 2013 pour répondre aux besoins de leurs locataires. Ils veulent leur offrir un corridor de services médicaux. 

Quand je suis arrivé dans le portrait, c’était intéressant en ce qui a trait à l’acquisition, mais concernant le volet opérationnel, tout était à refaire. Puis, moi, je ne connaissais absolument rien en médecine. 

Marc, qui a fort à faire depuis quelques années, sent qu’il a atteint une certaine limite. L’idée de trouver un associé qui affiche des compétences complémentaires aux siennes tombe sous le sens.

« Je devais trouver quelqu’un qui allait m’aider à faire grandir l’organisation, parce que je n’ai pas tous les talents. Une personne qui avait les moyens de ses ambitions. » 

En 2016, Marc ralentit sa pratique de la médecine pour se consacrer davantage à la croissance de son entreprise. 

Un beau matin, tout est limpide, une évidence s’impose : Marc souhaite faire équipe avec Alexandre. Il lui propose de devenir associé de son entreprise. Alexandre consulte son conseil d’administration familial et la réponse est… oui ! La dyade va même chercher l’aval du Collège des médecins, puisqu’il est rare qu’un individu qui n’exerce pas la profession de médecin soit actionnaire d’une clinique. 

« On est arrivés avec une entente qui faisait l’affaire de tout le monde. Depuis qu’on s’est associés en juin 2016, la compagnie a multiplié par douze son volume d’affaires et son nombre d’employés. » 

Alexandre Lemieux est le chaînon manquant. Cette association est un game changer pour le Groupe Lacroix, qui ne cesse de croître chaque année. Marc et Alexandre savent bien s’entourer et embauchent des professionnels à leur image : compétents et passionnés. 

Depuis ce temps, on a bâti une belle équipe constituée de gens talentueux dans ces domaines : comptabilité, fiscalité, marketing, recrutement, légal, ressources humaines.

Alexandre met la main à la pâte et poursuit le même objectif que Marc : celui d’agrandir le réseau des cliniques privées indépendantes (hors RAMQ) dans la province de Québec. 

Alexandre doit s’approprier la terminologie médicale et en connaître les tenants et les aboutissants. Marc est d’une grande aide sur ce plan. 

« Assez rapidement, je me suis surpris à voir à quel point je tripais à faire ça, parce que, étonnamment, ce n’est pas très loin de la production mécanique. Il y a tellement de potentiel d’optimisation dans les processus internes aux cliniques. » 

Ce que Marc et Alexandre trouvent gratifiant, c’est de faire une différence dans la vie des gens. Tous les efforts déployés au fil du temps façonnent des projets de plus en plus ambitieux, comme la construction d’un bloc opératoire, d’un laboratoire et éventuellement… d’un premier hôpital privé indépendant. 

Depuis 2020, Groupe Médical Lacroix est propriétaire du Centre médical Berger et occupe 60 % de ses locaux. De sa position stratégique en haute ville, voisin de l’hôpital Saint-Sacrement, ce centre est un immeuble qui abrite plus de 40 000 pieds carrés de locaux.

 En 2023, Groupe Médical Lacroix compte quatorze cliniques dont neuf situées dans les villes suivantes : Cap-Rouge, Lévis, Rosemont (Montréal), Gatineau, Boucherville, Laval (médecine familiale privée et chirurgie privée), Saint-Sauveur et Saint-Jean- sur-Richelieu. 

On compte également quatre cliniques au Centre médical Berger de Québec, dont les services offerts se déclinent comme suit : médecine familiale, médecine spécialisée, dermatologie, centre de prélèvements ainsi qu’un bloc opératoire. C’est dans cet établissement qu’on retrouve l’unique laboratoire privé dans l’Est du Québec. 

Lacroix Médecine Privée est le plus important réseau de clinique privées au Québec et le plus grand regroupement de médecins hors RAMQ. Au-delà de 250 employés, dont un peu plus d’une centaine de médecins, œuvrent en son sein. 

Ce sont plus de 150 000 patients qui franchissent les portes de ses établissements annuellement. 

Marc Lacroix
Fondateur de Groupe Médical Lacroix, médecin 

Originaire de la Rive-Sud de Québec et issu d’une famille d’entrepreneurs, Marc baigne dans l’univers entrepreneurial dès l’enfance. 

Marc Lacroix sent l’appel de la médecine. 

« Aider les gens, la complexité du corps humain, tout ça m’attirait ! » 

Il obtient un doctorat en médecine familiale de l’Université Laval en janvier 2000. Ces études, qu’il poursuit sur une période de sept ans, lui procurent stimulation et plénitude. 

Audacieux, accessible, créatif et pourvu d’un caractère bien trempé, Marc est un entrepreneur passionné qui aspire à rehausser les standards de la pratique médicale. Il ne craint pas les défis et il rêve grand. « Même quand on voit grand, on ne voit pas assez grand encore ! On peut faire ce qu’on veut dans la vie quand on a la bonne vision, qu’on s’entoure des bonnes personnes et qu’on est suffisamment patient. » 

Marc est sacré Jeune personnalité d’affaires en 2010 par la Jeune Chambre de commerce de Québec. 

« C’est intéressant d’avoir des prix, mais le plus beau prix qu’on peut avoir, c’est nos patients qui sont satisfaits. » 

Mon père m’a initié au monde des affaires alors que j’étais très jeune.

Aider

Ingénieur mécanique de formation, Alexandre a également obtenu une maîtrise en administration des affaires (M.B.A.). Bien qu’il se prédestine à une carrière d’ingénieur, il se fraie un chemin dans le vaste univers de l’entrepreneuriat. 

Digne fils d’une lignée d’entrepreneurs dans le domaine de la construction, il œuvre auprès de Logisbourg : compagnie familiale en immobilier. Son père, sage et expérimenté, fait office de mentor pour lui. 

« Mon père est un homme humble dont la perspective en affaires constitue un apport précieux. » 

Pragmatique, vif d’esprit, habile communicateur et tout aussi passionné que son associé, Alexandre focalise ses énergies sur le plan d’affaires. Il fait fi des distractions et sait comment atteindre ses objectifs. 

« Il faut avoir un plan et le maintenir. Surtout, écrire sur un tableau ce qu’on ne veut pas faire. La distraction est un frein énorme au développement d’une entreprise. » 

Il gagne le Prix Entrepreneur de l’année Desjardins en 2015. 

Ce qui est crucial, c’est de ne pas perdre le contact avec ce qui se passe sur le terrain. Aussi, on doit être humble… les meilleures idées peuvent venir de n’importe qui !