Lorsque Marie-Ève Simard, Sophie Lamothe, Karine Boivin et Jenny Lafrance décrochent un emploi dans une firme d’architectes de Gatineau, elles gravissent les échelons rapidement. Elles ne se doutent toutefois pas de ce qui les attend…

Âgées entre 27 et 34 ans, toutes ont des intérêts communs et elles se lient d’amitié. Une chimie naturelle s’installe entre elles. Les quatre femmes travaillent ensemble durant quelques années avant d’avoir l’occasion de bâtir un plan pour prendre la relève de leur employeur.

Symbiose

N’étant pas issues de familles avec la fibre entrepreneuriale, Marie-Ève, Sophie, Karine et Jenny (qui n’est aujourd’hui plus associée chez A4) sondent leur entourage et font appel à des spécialistes pour obtenir leurs conseils dans la nouvelle étape qu’elles s’apprêtent à entamer.

Leur vision de l’entrepreneuriat évolue tranquillement, jusqu’à ce que l’aventure prenne une tournure différente.

À travers le chantier du processus de relève, les quatre collègues se rapprochent : leurs méthodes de travail et leurs valeurs sont très semblables. Elles font alors le constat qu’il est plus viable à long terme pour elles de lancer leur propre firme.

À un moment donné, le déclic s’est fait.

De janvier 2020 à janvier 2023, A4 Architecture passe de 17 à 33 employés. Cette forte augmentation des effectifs oblige les entrepreneures à ajuster leurs procédures et à adopter une gestion plus efficace.

On gérait de manière organique. Et cette croissance nous a joué des tours.

Cette forte croissance leur fait réaliser qu’elles auraient pu être accompagnées plus tôt au niveau de la planification stratégique pour mieux voir les angles morts. « On aurait probablement pris des décisions différentes. »

« On n’aurait pas freiné notre croissance, mais peut-être qu’on l’aurait faite de manière plus réfléchie. »

Elles visent désormais à optimiser l’équipe tout en continuant de grandir.

Au-delà des résultats financiers et des distinctions qui s’accumulent au fil des années, le succès en affaires d’A4 Architecture passe par une gestion basée sur l’humain, que ce soit auprès des employés ou des clients.

Ainsi, Marie-Ève, Sophie, Karine et Geneviève choisissent de réaliser des projets architecturaux pour des clients qui partagent les mêmes valeurs qu’elles et qui répondent aux attentes.

On n’est pas dans l’ego de s’approprier un projet. Au contraire.

Les quatre entrepreneures n’ont pas la prétention qu’elles peuvent tout réaliser seules. Elles privilégient ainsi la collaboration dans toutes les actions et même dans les décisions concernant l’entreprise.

C’est une espèce de toile qui se tisse entre l’équipe, nos clients et les collaborateurs.

Des valeurs communes

Les différentes réalisations dans l’entreprise mettent l’accent sur des milieux de vie durables et de qualité. Motivées par l’idée de faire une différence dans leur région, les associées se questionnent sans cesse avant d’accepter un contrat en se demandant quel est l’impact de celui-ci dans la communauté et dans la société.

« Par exemple, pour un projet multilogement, la densification est un enjeu. Ça ne se fait pas n’importe où, n’importe comment. » En fonction de son emplacement et de son impact, elles décident de le refuser ou de l’accepter.

« Si à la base les valeurs ne sont pas communes, on sait que ça ne fonctionnera pas et qu’il va y avoir des accrochages en cours de route. »

C’est entre autres pour cette raison qu’elles misent sur des mandats dans le secteur public (hôpitaux, écoles, etc.), parce qu’elles jugent qu’ils sont essentiels pour le bon fonctionnement de la société. Et cette philosophie résonne auprès de l’équipe.

Les employés ne veulent pas juste travailler pour un salaire. Ils veulent faire une différence.

Le quatuor est fier d’avoir démarré une entreprise avec quatre femmes à sa tête. Elles considèrent qu’il s’agit même d’un atout dans le marché, qui a longtemps été un milieu d’hommes.

Au fil du temps, les entrepreneures prennent confiance en elles : leur portfolio de projets et leur expertise se bonifient.

Leur empathie et leur écoute les aident dans leur gestion au quotidien.

Notre force, c’est de se mettre à la place des autres.

Elles doivent toutefois rester à l’affût pour éviter que les gens abusent de leur bonté.

« Comme femmes, on aimerait que ce ne soit pas vrai, mais on a toujours le doute plus facile par rapport à nos compétences et notre place. »

Plusieurs prix confirment toutefois qu’A4 Architecture a sa raison d’être. En 2016, les associées reçoivent le prix Excelor de la Chambre de commerce de Gatineau pour le prix Entrepreneuriat au féminin. Deux ans plus tard, la Chambre de commerce Vallée de la Petite-Nation les récompense dans la catégorie Entreprise de services professionnels. En 2022, elles gagnent PME de l’année (16-49 employés). L’année suivante, elles remportent le volet Réussite INC (volet national) du concours OSEntreprendre.

« Ça donne une tape dans le dos. »

Innover pour motiver

Voulant contribuer à la remise en question et à l’avancement de la société, Marie-Ève, Sophie, Karine et Geneviève ont l’idée de lancer le LabA4, une division qui mise sur la recherche et le développement afin d’innover dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme.

Le LabA4 favorise ainsi la création de projets de toutes pièces et qui sont reliés à des enjeux de la région de l’Outaouais. Il permet de participer aux défis propres à sa pratique, faire entendre sa voix et proposer un regard neuf.

Cette initiative leur donne entre autres l’occasion de se démarquer comme employeur, mais aussi comme prestataire de services.

Elles deviennent aussi un employeur de choix auprès de la jeune génération qui cherche à appliquer ce qu’elle a appris au cégep ou à l’université dans des bureaux à la fine pointe de la technologie.

Forces

Re-Source Intégration © Studio TARMAC / Damien Ligiardi

Alliance Podiatrie

C’est important de rester pertinent et à jour. Si un employé stagne dans un poste, soit à cause des logiciels ou des méthodes de travail, il peut partir s’il sent que ses compétences ne se développent plus.

Pour marquer leur 10e anniversaire en 2024, Marie-Ève, Sophie, Karine et Geneviève visent à bonifier le volet urbanisme de leur firme.

Pour ce faire, elles projettent de développer les projets dans leurs moindres détails et à chaque étape, afin d’offrir des services 360 degrés.

Cafétéria UQO

Leur but ? Amener leur expertise sur des mandats complets et complexes qui leur permette d’intervenir autant sur le plan de l’urbanisme, du paysage, du bâtiment que du design intérieur.

On a toute cette expertise-là à l’interne.

« On va la développer dans les prochaines années de façon à pouvoir mieux cibler les clients qui nous engagent. »

Maintenant que leur portfolio est bien étayé et que leur notoriété n’est plus à faire, les entrepreneures visent à avoir moins de projets, mais de plus grande envergure.

Résidence Le Monarque © Studio TARMAC / Damien Ligiardi

Parodontiste © Sébastien Lavallée

« On sait qu’on a toutes les capacités pour le faire. »

Carrefour-Santé-des-Collines