Fort d’une longue expérience dans le domaine, Jacques Forest décide de se lancer en affaires avec dix mille dollars en poche et un concept en tête : créer un nom qui jumelle architecture et expositions. Ainsi est né Archex. 

Unicité

Derrière le nom d’Archex se cache également une autre volonté, pour la moins étonnante. « C’était l’époque du bottin des Pages jaunes. Quand ton nom d’entreprise commence par A, tu es dans les premières pages. Mon père voulait profiter de cette visibilité-là. » 

Anik, la fille aînée de Jacques, se souvient très bien des débuts modestes de l’aventure au milieu des années soixante-dix. Très jeune, elle voit son père se dévouer corps et âme avec les moyens qu’il avait. 

Mon père disait souvent, à la blague : j’ai dû hypothéquer la maison, le chat, le chien et le poisson rouge.

Avant de fonder Archex, Jacques Forest occupe un haut rang chez Exhibit4, une entreprise au mandat similaire. Au moment où les propriétaires mettent la compagnie en vente, Jacques démontre un intérêt pour acheter des parts, en justifiant son choix par sa grande expérience et son poste de gestionnaire actuel. Mais sa demande se voit refusée par les propriétaires, qui décident de faire passer l’entreprise aux mains de membres de leur famille. Il n’en fallait pas plus à Jacques pour qu’il décide de lancer sa nouvelle enseigne, à Montréal. 

Le dévouement du père d’Anik devient une grande inspiration pour la jeune femme également, qui décide très tôt d’embrasser le milieu des affaires. 

Je me suis toujours vue comme une patronne, qui va travailler en veston, avec des employés à ma charge.

En revanche, à son entrée sur le marché du travail, Anik ne se voit pas reprendre l’entreprise si tôt, elle qui a déjà entamé une carrière fructueuse en finances. 

Relève

Puis à 23 ans, l’occasion est arrivée soudainement, et je ne voulais pas la rater. J’ai dit à mon père que je souhaitais à reprendre le flambeau.

L’occasion en tant que telle, c’est le retrait soudain de son père, dû à la maladie. Jacques doit subir des traitements de dialyse qui l’empêchent d’occuper pleinement ses fonctions pendant au moins cinq ans. 

« Pendant ces années-là, j’avais une fesse sur la chaise, comme on dit. Mon père était toujours dans l’entreprise, mais j’occupais une bonne partie de ses fonctions. » 

De fil en aiguille, Anik est ainsi promue directrice générale d’Archex vers la fin des années 1990, prenant ainsi presque entièrement la place de son père à la table de direction. 

Parmi les rares compagnies qui offrent ce genre de services au Canada, elle est une des rares femmes à occuper le poste de dirigeante. Cela vient avec son lot de défis, mais aussi d’opportunités. 

Anik ne peut s’empêcher d’esquisser un petit rictus lorsqu’elle repense aux réactions de son père il y a trente ans. Elle fait référence à 1991, plus précisément, lorsqu’elle propose à son père de reprendre le flambeau pendant sa maladie. « Ben voyons, t’es une fille ! », a lancé Jacques subitement. « Je crois qu’il voulait me protéger, parce que j’étais jeune aussi, et mon père ne connaissait que des hommes plus vieux dans ce milieu. N’empêche que, si je lui rappelais cette phrase-là aujourd’hui, il aurait sûrement honte ! Ha ha ! » 

Malgré le plafond de verre qu’elle doit briser pour entrer dans ses nouvelles fonctions, Anik réussit rapidement à faire sa place dans le milieu. Les partenaires, les compétiteurs et les clients lui vouent un grand respect. 

« Dans le milieu, ce sont souvent des “ papas ” de l’âge de mon père, alors c’est comme si tout le monde voulait m’aider ou me prendre en charge. » 

« Je crois que ça a un peu rapport avec mon image de “ la petite fille d’Archex ”. J’étais reconnue partout avec cette étiquette-là, et c’était toujours positif. » 

« Ça va bien aller », pouvait-on lire partout au printemps 2020. Mais pour Archex, il est difficile de croire ces paroles lorsque son modèle d’affaires repose sur la tenue d’événements… qui n’ont soudainement plus lieu. 

Du jour au lendemain, il n’y a plus de trade shows, plus de conventions, plus aucun rassemblement. Toute notre activité s’est écroulée.

Les premiers mois de la pandémie amènent l’entreprise à se réinventer, et rapidement. Au terme de discussions déterminantes, l’équipe élabore une solution ingénieuse. Archex a tout ce qu’il faut dans ses ateliers pour fabriquer les fameux panneaux de plexiglas qui sont désormais réquisitionnés par tous ceux qui se conforment aux règles de distanciation sociale. En plus de cela, Archex peut mettre ses menuisiers à l’œuvre dans la conception de meubles commerciaux. 

« Ce n’était pas une formule très payante. Mais au moins, on a été capables de garder tout le monde sur notre payroll, à 80 % de leur salaire. » Et la direction décide de mettre les bouchées doubles pour conserver ses précieux employés, alors que ceux-ci sont pour la plupart confinés chez eux dans les premiers mois de la pandémie. Chaque jeudi, pendant plusieurs mois, Anik s’assure d’envoyer par la poste un cadeau à chacun des membres du personnel. 

« Ça, ç’a été déterminant pour le moral de l’équipe. On m’a dit que certains attendaient le gars de Purolator devant leur porte le jeudi matin ! » 

Je me disais : la roue ne tourne pas vite, mais au moins elle tourne. Parce qu’après une crise, c’est plus facile de relancer une roue qui tourne un peu. 

La situation demeure pourtant assez anxiogène pour Anik et sa sœur, qui attendent avec impatience le moment où les mesures sanitaires leur permettront de retourner à leurs activités fondamentales. 

« J’ai eu plusieurs nuits blanches. Je faisais des crises de panique. Mais on est passés au travers, et quand on a repris nos activités, c’était encore plus fort qu’avant. » 

Paix d’esprit 

Retour aux sources

La reprise des événements corporatifs en 2021 permet à Archex de retourner graduellement à ses activités prépandémiques, alors que plusieurs compétiteurs n’ont pas survécu ou ont réduit leurs activités. 

« Après la pandémie, nos compétiteurs disaient parfois à leurs clients : je ne peux plus te servir, mais appelle Archex. Eux, ils peuvent toujours. » 

Aujourd’hui, Archex gère environ 700 projets par année, conçus par une équipe basée à Montréal qui compte entre vingt-cinq et trente employés selon la saison. La haute saison, dans le milieu des salons professionnels, correspond aux périodes de janvier à avril et d’août à novembre. Durant ces périodes, certains ex-employés, aujourd’hui retraités, viennent donner un coup de main. 

L’essentiel, c’est qu’Archex dispose toujours des ressources nécessaires pour représenter ses clients partout, quel que soit le moment. 

« Avec nous, le client n’a plus à se soucier de sa représentation dans les événements corporatifs. On s’occupe de tout, où que ce soit dans le monde. » 

Esthétique 

Notre mission, c’est de faire briller nos clients tout en leur offrant une tranquillité d’esprit.