Eric Maier Marc Côté
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Everest Automation est une entreprise créée en 2 000 qui agit comme distributrice dans le domaine de l’automatisation de procédé. Eric Maier et Marc Côté, les deux fondateurs, ont joint leurs valeurs et leur vision humaines de l’entreprise pour hisser Everest vers les plus hauts sommets.
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Un secteur hautement spécifique et technique
Everest évolue dans un secteur technique très spécialisé dont la clientèle est majoritairement faite d’entreprises de transformation dans diverses industries : pâtes et papiers, pétrochimie, mines et métaux, traitement des eaux, etc. Elles ont toutes un grand besoin d’instruments de mesures, d’analyseurs et de vannes modulantes pour contrôler les différents paramètres de leurs procédés : température, débit, niveau… Ces industries veulent produire de la qualité dans la meilleure efficience possible tout en minimisant
leur empreinte écologique.
Dans ce domaine, Everest intervient comme un intermédiaire entre les manufacturiers et les utilisateurs. Dans les années 1980 et 1990, il existait au Québec de nombreux intermédiaires comme Everest. Chaque fabricant confiait alors la vente de ses instruments à différents fournisseurs selon des zones géographiques établies. Du fait de ce morcellement, les intermédiaires étaient nombreux et généralement constitués d’entreprises de petite taille.
Depuis les années 2000, Everest Automation s’est imposée petit à petit comme l’un des principaux interlocuteurs entre les fabricants et leurs clients. En se fixant comme objectif de développer un territoire géographique homogène, Everest est devenue un leader de ce service de soutien technico-commercial dans l’est du Canada. Elle représente, entre autres, les géants mondiaux ABB et Valmet auprès de ses clients. Depuis peu, elle a élargi son activité en Ontario.
Les prémices...
Un choix de carrière épineux
Eric Maier est le fils de Matthias Maier qui fonde, en 1971, Canada Panel Instruments, l’une des entités à l’origine d’Everest automation. Il tombe donc dans l’entrepreneuriat très tôt.
Origine
Matthias Maier
Canada Panel Roxboro, 1979
Nicole Maier : un soutien indéfectible précieux pour le développement de Canada Panel.
Dilemme
Entre ses 14 ans et ses 18 ans, Eric apprend à connaître les différents secteurs de l’entreprise à travers ses « jobs » d’été.
Pour autant, au début de ses études supérieures, il se découvre une passion pour la musique et songe à en faire son métier. Il étudie aussi la psychologie avant d’entrer en école de gestion. Au moment de s’engager dans la vie active, il hésite donc longuement sur le chemin qu’il veut suivre.
C’est un professeur et mentor qui l’incite à intégrer l’entreprise familiale pour profiter de l’expertise de son père et développer ses compétences commerciales et entrepreneuriales. Eric ne regrettera jamais ce choix malgré l’énorme succès que son partenaire musical, Daniel Bélanger, a eu quelques années plus tard.
J’ai essayé beaucoup de choses dans ma jeunesse. J’ai longuement hésité sur la bonne voie à suivre jusqu’à ce qu’un professeur me fasse réaliser que j’avais une chance en or de travailler auprès de mon père.
« J’ai en effet beaucoup appris à ses côtés. J’ai aussi bénéficié d’une grande liberté qui m’a permis de développer certains aspects commerciaux à ma manière. »
La vente dans le sang
Marc Côté fait des études en instrumentation et contrôle, plus par réalisme que par véritable passion. Il termine ses études au milieu des années 1980, dans un contexte économique difficile où les emplois sont rares.
Après avoir envoyé par la poste plus de 100 CV, c’est avec résignation qu’il accepte son premier travail comme vendeur technique interne dans son domaine.
Il change ensuite quelquefois d’employeurs, mais toujours dans ce domaine qu’il a appris à comprendre et à aimer. Trois mois de travail lui ont en effet suffi pour savoir qu’il aimerait cette carrière et son aspect très technique, mais aussi la relation client et la liberté qu’elle lui offre.
Puis, désireux de développer sa propre vision, il quitte son employeur pour fonder les Contrôles Optima en 1993, avec un seul employé très fidèle, Marco Bhérer, qui connaîtra un très grand succès au sein de l’entreprise. Son épouse, Denise Garneau, n’est jamais bien loin pour lui apporter de l’aide au niveau administratif et lui offrir tout le support moral nécessaire.
À l’instar d’Apple ou de Google, les premiers pas de l’entreprise de Marc se font dans un garage. Son père doit même se porter garant auprès de la banque la première année. Il y installe un réseau informatique avant-gardiste pour l’époque et ne tarde pas à faire exploser les ventes. La success story peut débuter.
J’avais déjà créé une petite entreprise pendant mes études. Je savais ce que je voulais et quand l’occasion s’est présentée, je l’ai saisie.
Un repas qui change tout
C’est lors d’un dîner d’affaires que Marc et Eric se rencontrent pour la première fois en 1993.
« À cette époque, nos fournisseurs souhaitaient déjà réduire le nombre d’intermédiaires dans la chaîne commerciale. C’était dans l’air du temps et nous savions tous les deux qu’il fallait absolument nous développer pour survivre. »
Union
On a compris tout de suite que l’on finirait par travailler ensemble.
Les deux hommes conviennent rapidement de se partager leur territoire de vente plutôt que de se livrer une concurrence inutile. La graine est semée, et si les entreprises travaillent en parallèle, elles le font en étroite collaboration et commencent déjà à harmoniser leurs façons de faire. Durant les sept années suivantes, leurs buts et leurs valeurs se combinent toujours plus pour finir par se fondre en une vision commune.
En 2000, les astres s’alignent enfin et les deux entreprises décident de s’unir pour former Everest Automation.
Everest
Marc et Eric doivent toutefois encore convaincre Matthias (le père d’Eric), réticent à l’idée de cette fusion. L’homme d’affaires a encore du mal à céder le flambeau et doute des bienfaits de cette entente. Mais, un événement va radicalement changer sa vision.
Matthias se rend cette année-là au Népal pour gravir l’Everest. L’expérience tourne malheureusement court pour l’entrepreneur expérimenté, qui contracte une pneumonie pendant son séjour et doit abandonner son rêve d’atteindre le toit du monde. Il revient au Canada transformé, avec une toute nouvelle perspective de la vie.
L’événement lui permet de mieux percevoir les différentes occasions d’affaires qu’offre cette fusion. Il accepte donc de céder sa place et de passer les rênes aux deux jeunes entrepreneurs déjà aguerris.
Dès lors, trouver le nom de la nouvelle entreprise devient assez évident pour Marc et Eric…
Le début d’une association fructueuse
La transition est rapide et alors que chaque entreprise comptait une petite quinzaine d’employés séparément, Everest Automation passe à 43 salariés après la fusion.
La société devient en peu de temps un joueur important de l’industrie et commence à racheter et à intégrer de nouvelles lignes de vente au fil des années. Les succès s’enchaînent et Everest croît rapidement jusqu’à devenir l’un des principaux intermédiaires de l’Est du Canada dans son domaine.
« Lorsque nous avons débuté, chacun de notre côté, nous gérions de très petites entreprises. On sentait qu’il était vital de grossir sous peine de nous faire manger rapidement. En nous associant, nous avions enfin la capacité de nous développer et d’absorber certaines entreprises complémentaires sur des territoires différents. »
Eric et Dan Bédard de Mentec
Cette manière de procéder permet aux deux entrepreneurs de représenter leurs manufacturiers sur des zones géographiques plus conséquentes, homogènes et cohérentes. Une recette gagnante. En 2018, Everest s’attaque au marché de l’Ontario et s’installe progressivement dans la province.
« Nous avons racheté des entreprises que nous jugions essentielles à notre développement et aux objectifs que nous nous étions fixés dès le début. Nous constatons aujourd’hui que notre vision de l’époque était la bonne et que les étoiles étaient bien alignées. »
Everest privilégie aussi ses relations fournisseurs plutôt qu’une croissance à court terme. Les dirigeants refusent régulièrement d’intéressantes occasions d’affaires qui pourraient leur permettre de croître, mais aux prix d’y perdre une partie de l’âme de l’entreprise. Ils préfèrent opter pour une croissance organique qui reste soutenue malgré la traversée des différentes crises économiques.
Everest évolue ainsi jusqu’en 2019, date à laquelle se présentent de nouvelles occasions d’affaires.
On a eu l’occasion d’acquérir des entreprises que l’on n’espérait même plus obtenir. C’était vraiment inattendu, mais nous avions la maturité nécessaire pour saisir cette chance.
En privilégiant la patience et en restant dans son champ d’expertise, Everest acquiert de nouveaux territoires et se développe à son rythme.
« On a réussi à ne pas créer un monstre hétéroclite avec des gammes de produits compétitrices et irréconciliables dans le temps. On a construit patiemment une entreprise homogène, qui nous ressemble
et que l’on peut maîtriser. »
En 2022, l’entreprise compte sept bureaux et près de 150 employés à travers le Canada. Un développement qui n’est tout de même pas sans présenter son lot d’obstacles.
Plus grosse entreprise, plus gros défis
L’ascension de la société ne se déroule évidemment pas sans heurts. Il n’est pas aisé d’intégrer de nouvelles entreprises avec des équipes et des manières de procéder différentes.
« Avoir 15 employés, c’est facile. On est agile et efficace. Par contre, quand l’équipe grandit rapidement, ça devient plus compliqué. Il faut savoir déléguer, mettre les bonnes personnes à la bonne place et créer une méthodologie documentée, claire et accessible. Cela demande beaucoup d’ajustements et crée inévitablement de la tension. »
Les périodes d’incertitude économique sont également des moments critiques à traverser lorsque l’on est responsable d’une grande entreprise. Les choix à effectuer sont plus lourds de conséquences et peuvent se répercuter à plus long terme.
« Durant la crise financière de 2008, nous avons dû mettre du personnel au chômage technique à hauteur d’une journée par semaine. Nous l’avons d’ailleurs fait aussi pour nous deux. La barre du bateau était
difficile à tenir, mais les décisions que nous avons prises à ce moment nous ont permis de repartir plus fort par la suite. »
Ils peuvent en effet se féliciter d’avoir conservé tous leurs salariés et traversé ces périodes difficiles sans licenciements. Aujourd’hui, l’entreprise a su renforcer ses bases. Les choix stratégiques et la mise en place d’une équipe fiable et investie permettent à Eric et Marc de regarder l’avenir avec optimisme.
« Je crois que c’est notre vision de l’entrepreneuriat qui a permis à Everest de passer à travers les embûches. »
Prendre des décisions logiques, saisir les occasions au bon moment, ne pas trop se projeter, stabiliser nos acquisitions et surtout prendre soin de notre personnel, c’est notre recette pour durer.
Responsabilité
Vision et valeurs...
Des employés traités comme des collaborateurs
À une époque où la main-d’oeuvre se fait rare, nombre d’employeurs réalisent que les ressources humaines sont cruciales dans le succès de leur entreprise.
Mais ça, Eric et Marc le savent depuis longtemps et l’intègrent comme une composante essentielle de leur entreprise.
Chaque membre de l’équipe est intéressé au rendement de l’entreprise. Ainsi, les bonnes années, un employé peut recevoir une partie de son salaire annuel sous forme de prime en partage de profit. La méthodologie est transparente et chacun connaît les méthodes de calcul pour établir ces chiffres.
Les deux hommes d’affaires ont aussi mis en place un moyen original pour récompenser le personnel qui souhaite investir dans la société. Ils proposent aux intéressés de devenir propriétaires d’une partie des bâtiments de l’entreprise.
Les employés participants se partagent ainsi une bonne part des dividendes sur les édifices d’Everest à Montréal et Québec.
« Certains employeurs offrent à leurs salariés d’acheter des actions de l’entreprise, mais les actions sont volatiles, tandis que la valeur foncière du bâtiment est plus stable. C’est un moyen supplémentaire de faire profiter l’équipe du succès d’Everest, de lui prouver qu’elle est au coeur de notre projet. »
Ces dernières années, ces investissements rapportent un rendement annuel plus qu’intéressant par rapport à la mise de fonds. Ce projet a d’ailleurs tellement de succès que les deux entrepreneurs ont dû mettre une limite au montant que les salariés souhaitent investir pour que tous puissent profiter de l’occasion.
Marc et Eric souhaitent également soutenir les membres de leur équipe face à l’augmentation du coût de la vie. En 2022, ils offrent une prime aux employés pour leur permettre de mieux absorber les répercussions de l’inflation. Ce genre de programme sera amené à être réévalué régulièrement afin de s’adapter aux conditions économiques fluctuantes.
Nos employés sont le moteur de notre succès, on souhaite les conserver et les rendre heureux de travailler chez nous.
« Tout le monde aujourd’hui parle de l’ambiance de travail et du bonheur de son équipe, mais nos employés nous disent que chez nous c’est vrai. »
Transparence avec tous les partenaires
Dès le début de leur collaboration, Marc et Eric ont la même vision de l’éthique et des relations avec leurs
partenaires commerciaux. Ils instaurent donc diverses procédures pour être cohérents avec ces valeurs.
« Par souci de transparence et d’équité, nous mettons tout en oeuvre pour traiter nos partenaires de la même manière que l’on souhaite être traités. »
Pour cela, les hommes d’affaires mettent en place un procédé strict pour être équitables avec tous en tout temps. Tout au long de l’année, ils appellent leurs fournisseurs pour signaler les éventuels oublis ou erreurs. Il peut s’agir de matériel reçu en trop ou non facturé, de sommes que le fournisseur a omis de leur réclamer ou de toute erreur qui désavantagerait leurs partenaires et qu’Everest tient à compenser.
« Nos employés connaissent notre politique en la matière et on les encourage à prendre des initiatives pour
corriger la situation au plus vite s’ils s’en aperçoivent. Nous ne sommes pas le joueur le plus important en Amérique du Nord, mais nous sommes connus et respectés par l’industrie partout en Amérique du Nord et même ailleurs dans le monde. »
En coulisse...
Une vision commune
Le leader rassembleur
Eric Maier
Cofondateur d’Everest Automation
Pour Eric, l’entrepreneuriat est une affaire d’équipe. Il a le souci de développer les affaires de la bonne manière, sans brûler les étapes.
« La croissance passe par la compétence et donc par des gens bien formés et heureux d’occuper leur poste. »
L’entrepreneur déterminé
Marc Côté
Cofondateur d’Everest Automation
Pour Marc, le développement des affaires passe par la mise en place d’une structure robuste et d’une équipe fiable, compétente et motivée.
« Je ne crois pas à l’idée du client roi, je crois à la théorie de l’employé roi. Si votre équipe se sent bien traitée, elle s’occupera bien vos clients. Les personnes souhaitent généralement performer et travailler pour une entreprise dynamique, bien organisée, efficiente et qui reconnaît leurs efforts. »
Une esquisse de l’avenir...
Conserver le savoir-faire
Les deux hommes d’affaires considèrent que leurs objectifs professionnels sont en bonne voie de s’accomplir dans les années à venir. Pour autant, ils ne souhaitent pas s’imposer d’objectifs de croissance précis.
Ils ne croient pas aux prévisions en dollars ou en pourcentage de croissance. Pour eux, cela impose une pression contre-productive aux membres de l’équipe avec des objectifs sur lesquels ils n’ont aucun réel contrôle. Eric et Marc évitent donc de mettre l’accent sur de telles cibles pour ne pas perdre un temps bien mieux investi dans des actions concrètes comme le calcul des visites hebdomadaires chez les clients plutôt que
des cibles de ventes annuelles.
« On n’a jamais vraiment cru aux prévisions de croissance aux cinq ou aux dix ans. Les imprévus sont trop nombreux en affaires. On cherche principalement à consolider nos actifs, et si des opportunités se présentent, nous les étudions en temps voulu. »
Agir
Miser sur l’humain
Eric et Marc souhaitent d’abord et avant tout renforcer leur équipe face à un marché de l’emploi et pleine effervescence. Le savoirfaire acquis par leurs employés forme le socle de l’entreprise et il est important de le conserver.
« Notre offre repose avant tout sur les compétences humaines. Avec le vieillissement de la population, il va nous falloir offrir toujours de meilleures conditions à nos employés. C’est l’expertise de notre équipe qui constitue notre principale force. »
Pour le reste, la relève semble déjà assurée avec des cadres formés par des employeurs
soucieux de leur accorder plus de responsabilités à l’avenir. Et ce, même si Eric et Marc ne souhaitent pas passer le flambeau tout de suite.
« Nous ne sommes pas encore prêts à travailler moins pour voyager. Ce qui nous anime vraiment, c’est de travailler sur de nouveaux projets et de faire croître notre entreprise. On aime vraiment ce que l’on fait et on espère que nos employés aussi. »
Eric et Marc parlent de leur entreprise d’une seule et même voix. Pour eux, la réussite de leurs affaires passe d’abord et avant tout par le bien-être de leurs employés.
L’humain, l’éthique et la transparence constituent la base même de leur modèle d’affaires et conditionnent toutes leurs prises de décisions. Ils s’assurent toujours de stabiliser leurs acquis avant de poursuivre leur expansion. Cette manière de procéder permet au navire de rester à flot en évitant les mouvements trop brusques.
Les deux hommes d’affaires se considèrent d’ailleurs plus comme des capitaines de vaisseau que comme des entrepreneurs, conscients que chaque membre d’équipage est essentiel au bon fonctionnement du navire.
Pour Eric et Marc, diriger s’apparente ainsi plus à un plaisir qu’à un véritable travail. Cette manière de concevoir l’entrepreneuriat les incite encore aujourd’hui à s’investir plus de 60 heures par semaine au sein de l’entreprise. Toujours poussés par l’envie de faire mieux, mais de la bonne manière.
Ces dernières années, nous avons patiemment placé nos pions dans la province de l’Ontario. Nous en récoltons déjà les fruits et il y a encore place à une croissance plus qu’intéressante.
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