Merkur

Merkur Martin Dufour

Services

Estrie

Merkur est une firme spécialisée en génie manufacturier qui offre des services de conception, d’ingénierie manufacturière et de gestion de projets à des entreprises de divers secteurs, allant des produits courants aux transports. Développement de produits, assemblage, automatisation, robotique et optimisation, toutes ces expertises font partie du vocabulaire de Merkur et de son fondateur, Martin Dufour, depuis plus de 28 ans.

Les prémices...

Démarrer la machine

Originaire du Lac-Saint-Jean, c’est pourtant à Sherbrooke que Martin fonde son entreprise, ville avec laquelle il est tombé en amour lors de ses études en ingénierie. Il a seulement 23 ans à l’époque… mais une tête remplie d’ambition.

« J’ai appris à conduire un ski-doo avant de marcher. » Depuis son plus jeune âge, Martin se passionne rapidement pour tout ce qui a un moteur et s’intéresse au fonctionnement interne de ses machines.

À l’intérieur de moi, j’ai toujours eu ce besoin d’innover, de comprendre comment ça fonctionne, de bâtir des choses.

Alors qu’il part en Estrie pour poursuivre son baccalauréat en génie mécanique, il profite du système coopératif offert dans le cadre de ses études et décroche un stage en 1993 sur les lignes de montage de BRP (Bombardier Produits Récréatifs).

À cette époque, il y a un engouement pour les motomarines, et Martin travaille sur la fabrication de ce nouveau produit motorisé.

À la suite de son stage, Martin remarque que l’expérience qu’il a acquise semble être très en demande. C’est là qu’il se dit : « Et si je me lançais à mon compte, pour offrir mes services à des entreprises comme BRP ? »

Aspiration

De Sherbrooke à New York

C’est à partir de cette idée que Martin démarre son entreprise en 1995 à titre de consultant, à Sherbrooke. Il incorpore le nom de Merkur, une référence à la planète la plus proche du soleil, Mercure.

Pendant trois ans, Martin travaille presque exclusivement pour BRP, avant de se diversifier dans d’autres secteurs connexes du génie manufacturier. Puis, entre 2000 et 2010, l’entreprise gagne du terrain, des employés s’ajoutent, des bureaux sont ouverts ailleurs au Québec.

Khrome 2016

~~Savoir-faire~~

L’expertise de l’équipe se développe rapidement dans le domaine du transport collectif. En 2013, Merkur acquiert Khrome, une entreprise spécialisée en conception de sièges et en finition d’intérieurs de trains de passagers. La même année, Merkur obtient un contrat pour la conception des plafonds et de l’éclairage du métro de Montréal.

Le nom de la jeune firme est officiellement reconnu dans ce nouveau domaine de prédilection.

Puis, un peu plus tard, Khrome obtient le mandat d’une partie de la confection de l’intérieur des wagons d’une ligne de trains de banlieue entre Manhattan et Long Island, à New York.

À partir de 2013, on a vraiment profité de l’engouement des gouvernements pour les grands projets de transport collectif, et notre croissance est devenue extrêmement rapide.

Train à grande vitesse

En 2014, Merkur signe un important contrat avec un géant japonais des transports et, en 2015, double sa superficie de plancher. Du côté de sa filiale Khrome, l’entreprise de Martin fabrique les équipements ferroviaires (procédés de carrosserie, sièges, matériaux composites, etc.), tandis que Merkur gère des mandats beaucoup plus larges (approvisionnement, automatisation, robotique, etc.), pour des entreprises qui dépassent le domaine des transports.

Passant d’un chiffre d’affaires commun de 7 millions de dollars en 2013, Khrome et Merkur atteignent 32 millions de dollars en 2021, soit plus de quatre fois… en seulement huit ans.

Aujourd’hui, le groupe avoisine les 240 employés, dont 70 pour la filiale Khrome seulement. L’entreprise compte cinq bureaux au Québec et deux aux États-Unis. Certains de ses clients québécois, comme Lion électrique, Alstom (Bombardier) et Novabus comptent parmi les entreprises les plus innovantes en transport dans la province.

Technicité

Vision et valeurs...

L’aiguillage des voies

Résilience

Nécessairement, l’expansion d’une entreprise vient avec des choix déchirants à un moment ou à un autre. Parfois, la décision difficile doit être amorcée à l’interne. Mais d’autres fois, le train prend lui-même une direction à laquelle on ne s’attendait pas.

La première embûche majeure à laquelle se heurte Merkur en est certainement une que personne ne pouvait prédire. En 2004, la direction fait la malencontreuse découverte d’une fraude venant de l’interne. « Un de nos employés à la comptabilité a faussé les données financières dans le but d’en faire un bénéfice personnel. C’est arrivé comme une claque au visage, on lui faisait pleinement confiance. »

Cette situation mène à une période financière difficile pour Merkur, qui doit mettre à pied une bonne partie de ses employés. Afin d’essuyer les pertes causées par la fraude, la compagnie devra tenter de trouver des solutions permettant de poursuivre ses activités…

Je suis quelqu’un qui fait confiance aux gens dans la vie. Mais à ce moment-là, ça a complètement remis en question ma notion de confiance.

Comment une personne si proche a-t-elle pu commettre cela sous le radar ? Comment auraient-ils pu s’en apercevoir plus tôt ? La remise en question est universelle chez les employés. « Cette crise a duré de six mois à un an, mais j’ai vu à ce moment que j’étais bien entouré avec l’équipe en place. Même certains de nos clients l’ont su, et ils nous ont aidés à nous relancer. »

Certainement, cette période difficile a consolidé la résilience de Martin pour le futur. Alors que son entreprise repart par la suite pour une des plus fortes croissances de son histoire, l’entrepreneur a ainsi la preuve tangible que rien ne peut l’abattre.

Fort de son expérience vécue en 2004, Merkur tient le fort en 2008, alors que la crise financière mondiale occasionne un ralentissement généralisé dans tous les secteurs, incluant le secteur manufacturier.

Alors que plusieurs de ses concurrents tombent, Merkur garde le cap et reste dans la course malgré un ralentissement de 20 % de sa production et la perte du quart de ses employés en quelques mois seulement.

On s’est réinventés grâce à tout ce qu’on avait investi jusque-là en Recherche et Développement.

« C’est vraiment l’innovation qui nous a sauvés. »

L'équilibre

Même si Martin est un homme d’affaires dans l’âme, c’est avant tout un ingénieur, un « expert en résolution de problèmes ». Donc, quand les choses ne fonctionnent pas comme prévu, il n’est surtout pas question de s’acharner.

Devant une situation X, Martin reste calme, il n’en fait pas trop. Il réfléchit. Et la solution vient toujours avec le temps. « C’est la même chose avec mon équilibre travail- famille. Pour moi, la semaine de 45 heures, ça a toujours été ma limite ultime, je n’ai jamais voulu dépasser ça. Ça ne donne rien d’en faire trop, parce que tu vas nécessairement perdre ailleurs. »

Martin, Raymond et André

Même si j’aime ce que je fais, mon travail, ça reste un travail. Je dois absolument décrocher à la fin de la journée.

À ce titre, Martin fait souvent le parallèle avec un médecin ou un psychologue, qui ne peut pas s’attacher à ses patients, sans quoi il risque d’en souffrir. « Il doit mettre ça de côté après son travail. Moi, j’appelle ça changer les chapeaux. »

Pour atteindre l’équilibre, Martin insiste aussi sur l’importance d’être soutenu. Depuis 1999, il peut compter sur le soutien d’un coach. « Mon seul regret, c’est de ne pas avoir trouvé ce coach-là plus tôt. Ça m’aurait énormément aidé. Parce que quand tu te lances en affaires, tu es jeune, t’as de l’énergie, mais t’as aucune expérience. Ça prend quelqu’un qui te guide. »

Et si Martin a un conseil à donner aux jeunes entrepreneurs, c’est de ne pas avoir peur du ridicule lors du démarrage de leurs projets.« Des fois on a l’air fou, mais c’est pas grave. Qu’est-ce que ça va faire au final ? Au pire, si ça ne marche pas, la vie va t’offrir d’autres possibilités, peut-être meilleures, un peu plus tard. Ça, ce sont mes parents qui me l’ont appris. »

Confiance

Être partout à la fois

Avec quatre places d’affaires dans différentes régions du Québec, impossible pour Martin de rester statique pendant plusieurs jours d’affilée. Il apprécie ses fonctions de PDG qui l’amènent à se déplacer constamment.

Généralement, dans une semaine, Martin visite deux de ses bureaux et deux de ses usines. Le lundi, il se campe au siège social à Sherbrooke afin de planifier la semaine qui commence. C’est là qu’il rencontre la dizaine de gestionnaires avec qui il fait le suivi pour chaque département.

Je me décrirais comme un gars d’équipe. Quand il y a des décisions à prendre, je me tourne toujours vers l’équipe.

Le mardi, Martin se déplace à l’usine de Khrome, à Drummondville, afin de veiller au bon fonctionnement des opérations. Pour lui, il est important de toujours garder un pied sur le plancher afin de ne pas perdre le contact avec le terrain. Puis le lendemain, il fait la même chose aux bureaux de Boisbriand ou de Brossard, afin d’assurer un suivi de la grande région de Montréal.

Le jeudi, il revient à Sherbrooke. « Le jeudi, j’appelle ça la journée où je travaille pour vrai… Ha ha ! C’est là que je plonge dans la paperasse. » Et le vendredi ? « Généralement, je retourne mettre le pied à Drummondville. Ça fait que je passe carrément la semaine dans ma voiture ! »

Mais j’adore ça, le fait de pouvoir bouger tout le temps. Je peux rencontrer les employés de tous nos bureaux.

En coulisse...

Débrouillard

L’humaniste multidisciplinaire

Martin Dufour
Fondateur et président-directeur-général

À un moment donné, quelqu’un m’a dit que j’étais un humaniste. Parce que je crée pour ensuite redonner aux autres. Je me suis dit : c’est pas faux, ça. » Cette qualité présente chez Martin peut potentiellement s’expliquer par ses origines.

À la fin des années soixante-dix au Québec, peu de nouvelles familles comptaient sept enfants. Mais celle de Martin, oui.

Rapidement, Martin apprend à vivre en communauté, à partager, à coopérer. Originaire de Roberval, au Lac-Saint-Jean, il passe évidemment beaucoup de temps dehors durant sa jeunesse, à s’amuser avec ses nombreux frères et sœurs.

« On avait beaucoup de trippeux de mécanique dans la famille, des patenteux, des gens qui innovent à leur façon. Et aussi, beaucoup d’entrepreneurs qui avaient de petites business.»

~~Passionné~~

Toutes ces influences familiales ont façonné la personnalité de Martin, qui y greffe ensuite une curiosité infatigable pour l’actualité politique et économique. « J’aime savoir ce qui se passe dans le monde, comment les cartes se jouent. La géopolitique, l’histoire, j’adore ça. »

Multidisciplinaire, l’entrepreneur a plusieurs cartes dans son jeu quand vient le temps de décrocher. Vélo de montagne en été, hockey et fatbike en hiver, les passions ne lui manquent pas. Mais avant tout, son objectif ultime a toujours été de fonder une famille. Ses enfants demeurent bien entendu son enjeu principal.

« Je ne suis pas certain si mes enfants vont vouloir continuer ce que j’ai bâti, mais ça ne me préoccupe pas. Ils feront bien ce qui les passionne, et tant mieux si c’est dans un domaine différent. »

« En tous cas, moi, je fais ce qui me passionne. J’ai 52 ans et j’ai encore l’énergie de continuer. »

Une esquisse de l'avenir...

Un travail à la chaîne

Merkur fait peut-être partie des vingt-cinq plus grosses firmes d’ingénierie au Québec, mais elle détient un titre encore plus réjouissant : parmi ces firmes, c’est la plus importante en terme de génie manufacturier. Et c’est là-dessus que Merkur veut insister pour se démarquer sur le marché international.

C’est aux États-Unis que Merkur compte d’abord consolider sa présence, soit en augmentant le nombre d’employés sur place, soit en faisant possiblement des acquisitions d’entreprises américaines.

« Merkur est chef de file dans les usines dites “ intelligentes ” ou semi-autonomes au Québec. On aimerait développer ça encore plus en dehors de nos frontières. »

Et pour cause : la pénurie de main-d’œuvre affecte le Canada tout comme les États-Unis. Merkur soutient qu’une meilleure automatisation des usines peut apporter une solution concrète à cette problématique en augmentant la performance des entreprises. Néanmoins, il arrive que des ressources humaines soient nécessaires dans des secteurs très spécialisés.

L’automatisation aide à combler les besoins, mais pour concevoir les équipements automatisés, ça prend toujours des humains. Et ces humains-là, ils sont parfois difficiles à recruter.

Merkur recrute notamment en France depuis six ou sept ans, dans des domaines très spécifiques où il est difficile de trouver de la main-d’œuvre au Québec. Ce recrutement outre-mer a déjà amené une trentaine de travailleurs français au sein de Merkur, et l’entreprise aimerait voir ce nombre croître dans les prochaines années.

Dans les dix prochaines années, Martin envisage une croissance qui dépasse le territoire des États-Unis.