Quand Nathalie D’Aoust fait ses débuts chez Purolator l’été de ses 17 ans, elle ne sait pas qu’elle entreprend plus qu’un simple emploi saisonnier.

La jeune femme, qui nourrit déjà des ambitions entrepreneuriales, est à la recherche d’une idée sensationnelle qui pourrait lui permettre de se lancer en affaires.

Lorsqu’elle fait la rencontre de Gilles Foisy quelques années plus tard, son rêve se concrétise enfin.

En lui confiant son souhait d’être un jour à la tête d’une entreprise, elle trouve en lui le partenaire idéal pour y arriver.

Il avait déjà été propriétaire d’une compagnie de service de «courrier même jour». Il savait comment m’aider.

En 1995, Nathalie, qui a déjà un peu d’expérience dans le domaine, quitte son emploi stable pour faire le grand saut. Gilles à ses côtés, elle entreprend les démarches pour fonder sa première entreprise.

J’ai tout laissé tomber et je me suis lancée dans le vide!

Les partenaires amorcent ensemble le développement de leur compagnie, Impact Courrier, en sollicitant leurs futurs clients un à un. Un dur labeur qui nécessite beaucoup d’efforts, sans compter les heures.

« Tu commences par 2 appels par jour, puis 10, puis 40. Et à un moment donné, tu es rendu à 2 000 appels par jour! »

Ambitions

Le grand saut

Une pause au soleil

Cinq ans plus tard, Nathalie vend Impact Courrier. Après avoir acquis toutes sortes de connaissances en affaires, elle se consacre à son nouveau rêve, qui la mène loin des hivers québécois.

Elle démarre une entreprise de location de motomarines sur les plages chaudes de la République dominicaine.

« Je n’aime pas beaucoup le froid! J’ai toujours dit que j’étais une fleur tropicale! »

Toutefois, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, le prix des billets d’avion monte en flèche et change la donne pour Nathalie, qui doit revenir régulièrement au Québec pour des raisons familiales.

Elle met fin à son périple exotique, qui aura duré quatre ans. Pour toutes sortes de raisons, ça n’a pas été à la hauteur de mes aspirations. Je ne regrette pas d’y être allée, mais je ne le referais pas.

Pour toutes sortes de raisons, ça n’a pas été à la hauteur de mes aspirations. Je ne regrette pas d’y être allée, mais je ne le referais pas.

Nouveau départ

De retour de façon permanente au Québec, Nathalie n’attend pas une seconde et se lance dans une nouvelle aventure entrepreneuriale. Elle fonde Logik Courrier, une compagnie qui offre le service de messagerie même jour et lendemain.

« C’est ce que je connaissais. Je ne voulais pas être une employée, je voulais faire les choses à ma manière et j’étais passionnée par le service à la clientèle. »

Cette fois, la propriétaire désire que son entreprise prenne de l’expansion rapidement. Elle élabore un plan stratégique qui diffère de tout ce qu’elle a fait auparavant. Puis, elle achète la compagnie MB Courrier, première acquisition de neuf autres qui suivront.

« Quand tu fais du porte à porte, que tu serres des mains une à une, ça avance. Mais quand tu achètes une compagnie qui a déjà une clientèle, ça avance plus vite. C’est ça qui me motivait! »

Du pain sur la planche

« Les défis de croissance, ce sont des défis agréables, mais ça représente beaucoup de travail. »

Pour renforcer les fondations de son entreprise, Nathalie met ses procédures à jour, solidifie son département des ressources humaines et surtout, s’assure de la bonne gestion de son fonds de roulement en y consacrant beaucoup d’heures et d’énergie.

« Plus tu grossis, plus ta base est importante. C’est pourquoi elle doit être solide dès le départ. »

En 2010, elle s’unit professionnellement à Jean Daniel Blanchette, qui devient non seulement son comptable, mais aussi actionnaire de son entreprise en pleine ascension. Avec l’aide de son courtier Pierre Laforest et de la FUSACQ, un organisme qui offre des services d’accompagnement en fusion et acquisition au Québec, Nathalie bénéficie de précieux conseils qui lui permettent de poursuivre sa lancée. Jean Daniel à ses côtés, elle fait l’acquisition de Méga Courrier, et quelques années plus tard, de Transport DSTJ.

J’aime ça travailler en équipe, je me sens plus forte!

À la suite de la cinquième transaction, le duo change le nom de l’entreprise pour Groupe V, en référence au chiffre romain 5.

On m’avait fait remarquer qu’on pouvait aller vite en étant seul, mais qu’en équipe, on pouvait aller beaucoup plus loin. Ça a résonné fort en moi!

Puisqu’en affaires, il y a toujours des vagues, Nathalie l’apprend à ses dépens. Un jour, elle baisse sa marge brute pour satisfaire un client, croyant effectuer là une bonne action. Mais, quand le moment vient de remonter ses tarifs, il refuse de la suivre.

« Je me suis mise dans l’eau chaude. Il faut le voir comme un apprentissage. Quand tu fais une erreur, tu ne la refais pas deux fois. »

Elle connaît maintenant toute l’importance de ne pas négliger son profit, de bien comprendre ses états financiers et de se munir de bons documents légaux.

La pandémie engendre un autre défi sur la route de la femme d’affaires et de son équipe. Après quelques semaines de télétravail et un retour en présentiel prudent mais nécessaire pour assurer les livraisons, Groupe V est sollicité par sa clientèle pour faire parvenir du matériel et des cadeaux aux employés qui travaillent de la maison. Pour couronner le tout, l’entreprise hérite d’un gros contrat, ce qui ajoute à sa charge de travail déjà grande.

« Un de mes employés s’occupait de la salubrité, il ne faisait que ça. C’était bien géré, si bien qu’on n’a pas eu de Covid. »

La crise sanitaire tient assurément le groupe occupé, mais c’est en 2022 que Nathalie en subit les contrecoups. Elle doit gérer la décroissance de sa compagnie, puisque la situation sanitaire s’estompe tranquillement.

Il faut être agile et agir rapidement.

À contrecoeur, la dirigeante doit malheureusement couper quelques postes. Puis, avec la collaboration de la Banque du Développement du Canada, elle optimise ses processus pour économiser un peu et relance les ventes de son entreprise.

Au bout du compte, elle termine l’année de manière tout à fait acceptable.

Défi & Agilité

 

Ça a été un défi de taille que je n’avais jamais vécu avant.

 

Essor

De l’aide précieuse

« L’entrepreneuriat, ce n’est pas seulement faire de l’argent, c’est aussi bâtir quelque chose. Avoir un défi et amener ton entreprise sainement à maturité. »

Le Centre local de développement à Laval, la BDC, Services Québec, le Réseau des Femmes d’affaires, Evol, Les Cheffes de file et WEConnect International représentent de judicieux partenaires pour Nathalie.

Que ce soit en lien avec l’aide financière, la compréhension du marché ou le réseautage, ces organismes ont tous contribué à l’essor de son entreprise.

« J’ai appris toute l’importance d’avoir une vision à court et moyen terme. Ça permet de faire évoluer tes services avec les besoins de ta clientèle. »

Elle garde aussi d’inestimables souvenirs de sa formation avec l’organisme L’effet A, où Sophie Brochu a agi comme mentor à ses côtés. Un moment inspirant pour la femme d’affaires ambitieuse qu’est Nathalie.

« Il y a toutes sortes de choses qui sont mises en place aujourd’hui pour aider les femmes à être entrepreneures et à défoncer les plafonds de verre. »

Nathalie est lauréate du concours Développement économique féminin 2017, Entreprise à propriété féminine certifiée.

Ma main-d’oeuvre, c’est de l’or en barre. Elle est essentielle à la pérennité de Groupe V.

Le secret du succès

La présidente de Groupe V se sent choyée d’être aussi bien entourée. Elle est convaincue que la réussite de son entreprise passe directement par l’épanouissement de ses 60 employés, qui font un travail exemplaire et de grande qualité.

« Ce que j’aime de mon groupe, c’est que les plus jeunes aident les plus vieux et que les plus vieux agissent comme mentors pour les plus jeunes. »

Fière de les voir évoluer et se réaliser au sein de son entreprise, Nathalie leur témoigne régulièrement sa gratitude, en plus de leur offrir un milieu de travail sécuritaire et stimulant où l’écoute est prioritaire.

Afin d’encourager davantage la communication, des rencontres sont organisées très régulièrement, ce qui entretient le sentiment de fierté et d’appartenance de l’équipe.

C’est en se parlant qu’on arrive à se comprendre.

La meneuse positive

Nathalie D’Aoust
Présidente

« Je suis une passionnée du service à la clientèle. »

Enfant, Nathalie démontre déjà beaucoup de potentiel en prenant grand plaisir à vendre toutes ses boîtes de chocolats pour l’école, et même celles de son frère. Cet intérêt se poursuit plus tard lorsqu’à 16 ans, elle vend avec aisance des objets promotionnels pour La Ronde.

Elle opte toutefois pour des études en Sciences au Cégep André-Grasset, souhaitant devenir microbiologiste à l’époque. Une fois en laboratoire à l’Université McGill, elle se rend compte que ce n’est pas sa vocation, le besoin d’interactions humaines étant trop important pour elle. Nathalie se tourne alors vers la psychologie et complète un baccalauréat à l’Université de Montréal. Elle ajoute ensuite des cours en gestion des ressources humaines à sa formation tout en débutant son aventure entrepreneuriale.

Selon ses pairs, c’est une femme attentionnée, compréhensive et ouverte d’esprit, qui fait preuve d’une bonne écoute et qui aborde la vie avec beaucoup d’humour.

« La réussite, pour moi, c’est d’avoir la liberté de réaliser ses rêves. »

Le pro des chiffres

Jean Daniel Blanchette
Comptable professionnel agréé

« Jean Daniel est un homme dévoué, encadrant et généreux. »

Après avoir fait ses études en comptabilité à l’Université de Trois-Rivières, Jean Daniel devient comptable professionnel agréé. Il est d’abord client chez Logik Courrier avant d’en devenir actionnaire en 2010. Jean Daniel est un patron patient et consciencieux, qui effectue son travail avec beaucoup de minutie.

« C’est important d’écouter son banquier. Le mien m’a dit de me trouver un comptable et de le marier. Je l’ai écouté ! Ha ! Ha ! »

Je suis une personne du matin et Jean, une personne du soir. De cette façon, on a un cycle de travail plus long. On se complète bien!

L’expert en optimisation

Nicolas Blanchette
Directeur des opérations secteur Montérégie/Estrie

Nicolas, fils de Jean Daniel, complète ses études en génie industriel à l’Université Concordia et agit à titre de gestionnaire pour d’autres compagnies avant de se joindre en 2022 à Groupe V, dont il est également actionnaire.

C’est un pince-sans-rire, minutieux, organisé, analytique, qui se passionne pour le service à la clientèle. Son expertise est assurément un élément précieux pour l’avenir de l’entreprise.

« Il représente notre relève et nous en sommes bien fiers ! »

L’as du service

Gilles Foisy
Répartiteur

Gilles fait partie des bâtisseurs de l’entreprise Groupe V. Il représente un allié précieux pour Nathalie depuis ses débuts en affaires. C’est un excellent vulgarisateur qui aide grandement au développement et à la compréhension des enjeux du domaine du transport.

C’est un homme fondamentalement humain qui contribue fortement à la valorisation des troupes.

« C’est stimulant de travailler avec Gilles. On forme une belle équipe. »

Complicité & Fierté